Mercredi 8 novembre - prendre le rythme

J5  -  Mercredi 8 novembre - prendre le rythme

Quelques jours ont passé. Nous devinons notre rythme, et quelles habitudes vont remplacer notre train-train précédent. Péripétie du matin : mon téléphone-réveil, oublié dans le couloir de la communauté, a réveillé au moins dix personnes, sans que personne ne songe à l’arrêter. Me voilà bien bassiné au petit déjeuner, même par Augustin, venu dare-dare nous le rapporter à 6h30, au sortir de ma douche, tout victorieux de sa (re)trouvaille. C’est un soulagement de ne pas l’avoir perdu plus gravement. Entretemps, il ne nous a pas réveillés.

Régine entre aussi dans le vif de son sujet avec programme d’enseignement du français à mettre sur pied, cours à organiser, avec des livres croquants à la syntaxe parfaite, dont la présentation adaptée à l’Afrique : photos et textes de circonstance, encre, couleurs et caractères fleurant bon : les frises sont des éléphants et des palmiers, et des formes géométriques, répétées à l’infini du bord de la page. Une joie de sentir ce monde s’épanouir, au côté de la France et avec la langue française, loin de tout anglicisme. La grammaire, elle, est immuable, du CP à la Terminale. Elle s’enseigne d’un bout à l’autre, toujours dans le même ancien et bon sens. Le progrès ici, c’est ça, c’est sûr. Pas de déconstruction, ici.

MIRÉ. Aujourd’hui, jour de catéchisme avec les enfants de la paroisse (c’est mercredi après-midi, ils n’ont pas classe) pour préparer l’heure d’adoration du lendemain. Régine monte en voiture au village avec deux membres du Foyer, une Française et une Togolaise. A notre arrivée derrière l’église, les enfants se précipitent pour installer des bancs et des petites tables à l’ombre du grand manguier. C’est vrai. Cela ne vous rappelle rien ? (voyez page 28 de Tintin au Congo) ; sans plus attendre, ils se mettent à colorier les dessins des Tables de la Loi que leur tend Marie-Geneviève, puis ils écoutent, prient et chantent ; régulièrement Lydia intervient pour traduire en kotokoli les explications énoncées d’abord en français. Des enfants continuent à arriver tout au long de l’heure de catéchisme, certains « grands » de 9-10 ans maximum accompagnés de leur petit frère ou sœur à garder…

MANEL Quant à moi, j’en suis à la pré-étude sur les questions évoquées d’énergie électrique, et de génie-civil. J’enquête pour recueillir cinquante ans de savoir-faire accumulé par chacun, et pas trop documenté, comprendre les anciennes réalisations, inclure les nouvelles techniques solaires qui arrivent à maturité, et déterminer une solution sans a priori. Ceci dit, un Foyer de Charité, cela sert à faire des retraites, et là pas besoin de changement, le système est rodé, et avec Marthe Robin…

Pour les péripéties et pannes techniques sur la multitude d’appareils en fonction pour une telle grande maison, les responsables locaux se tournent vers moi comme vers un grand frère, mais je suis trop néophyte en ces lieux pour imposer quoi que ce soit, et surtout pas comment j’aurais fait à Blagnac, avec Castorama à droite et Leroy Merlin à gauche. Ici, à droite des herbes, et à gauche des cailloux. On cherche un pare-brise arrière pour une auto qui a 20 ans. Il va falloir aller jusqu’à Lomé avec les mesures, pour trouver dans les ressources d’un casseur, - on précise qu’il est blanc, Dieu sait pourquoi-  un pare-brise qui a quelque chance de correspondre.

Pour le démontage d’un engin : 1 - éviter l’établi voisin, 2 - se rassembler assis par terre à trois minimum, 3 - chacun commente chaque dévissage, et évoque une gamme de travail putative et auto modifiante,  4 – respect et écoute des propositions des autres, 5 – c’est le plus ancien qui actionne le tournevis dans un sens inattendu, 6 – le résultat n’est pas trop mauvais, 7 - on pourra déplorer de ne pas avoir suivi une autre gamme, en cas d’échec de l’opération, mais toujours avec respect, 8 – interrompre l’opération au milieu pour aller faire autre chose, et se donner rendez-vous pour le lendemain à une heure indéterminée, et une équipe différente.

Boire un verre d’eau toutes les deux heures, c’est le dispensaire qui le dit (métonymie ?).

Même Internet se balance au rythme du tamtam, c’est pour cela que vous n’avez pas encore beaucoup de photos, je n’arrive pas trop à les charger, et puis, j’ai sommeil.

Nous avons des vélos. L’accélérateur un peu dur, et le frein lâche.

Ici on prie, ici on chante, avec Marthe Robin et Marie, Mère de Jésus, ici on marche vers le royaume. C’est bon ça. Ça rend serein, ça pacifie, venez et abusez.