le tour du propriétaire

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Le tour du propriétaire.

Invisible depuis la route, la propriété s’étend sur plus de onze hectares, sur le sommet de la colline rocheuse, à l’entrée du village d’Aledjo. La seule piste d’accès au village passe au milieu des édifices du Foyer, et de notre fenêtre, nous pouvons voir défiler le ballet matinal des chèvres et des motos, ainsi que les essais de moteur lors des séances de maintenance de ces engins, le long de la piste d’argile beige. Dans la nuit aussi, le son des criquets rythme le passage de la lune, à la clarté puissante. Tout est calme ici, et certains de nos aides sont rarement allés jusqu’à l’embranchement de la RN1 à plus de quatre kilomètres d’ici, de toute leur vie.

L’un d’eux est âgé. Il vient chaque mardi avec peine à pied, et comme il vieillit, il a demandé qu’un camion vienne le chercher chez lui, pour venir chercher son pécule. D’où la légende d’un camion qui vogue sur la mer depuis trois ans, et arrivera bientôt au port...

Nous faisons le tour du propriétaire, avec Augustin, Vincent le plus ancien, qui a été présent depuis le début, et peut seul nous préciser la préhistoire des deux forages, et leur équipement interne qui ne laissera pas indifférent Jocelyn, notre spécialiste familial des tubes dans les puits (de pétrole). Ainsi, mais pour lui seulement, précisons que le cuvelage est en plastique bleu annelé, et le tubing lui-même est en PVC noir, sauf le deuxième puits équipé d’un tubing en inox fileté, et descendu sous un portique et un palan à main. On parle de 70 mètres de fond quand même ! C’est bien nécessaire pour le service en bonne eau douce de deux cents personnes qui peuvent habiter ici. Le village, lui, est alimenté directement par une source qui coule en surface plus haut, qui répond au qualificatif de « filloniste ». Si un géologue peut me dire ce que ce terme a d’apolitique, je lui en serai reconnaissant. Une ancienne installation avec réservoir et conduite forcée permettait à la turbine Pelton du père Marcel de produire de l’électricité 180 mètres plus bas, au bas de la faille d’Aledjo. Mais ce dispositif a été démonté pour faire place au contournement de la faille par l’entreprise chinoise. Maintenant, c’est une association charitable de Poiré sur Vie en Vendée qui s’occupe de reconstruire l’adduction d’eau du village, qui n’est plus connectée au Foyer. Qui peut croire que nous avons vu un de ses concepteurs il y a quinze jours à Saint Laurent sur Sèvre ? On se croit original en annonçant qu’on part à Aledjo au Togo, et on tombe sur quelqu’un qui a passé des mois sur le site.

Un savant réseau de tuyaux monte l’eau aux citernes cimentées qui surplombent le Foyer, et la bonne eau bien douce peut alors se répartir en pression dans la multitude de robinets du Foyer, du dispensaire, et de l’école de filles. Voilà pour ce qui est de l’eau douce, enfin pas tout à fait, car une installation en béton digne d’un bunker avec des rigoles en circonférence avec un savant système bassin de surverse assure ensuite la décantation des eaux usées, débitant l’eau propre au quatrième bassin. Une mini vallée de menthe sauvage ombragée d’eucalyptus profite de cette eau, bien verdoyante et odorante même en saison sèche, c’est-à-dire maintenant, tout comme la Samaritaine.

De ce point, on a pu explorer au moins du bout de son alpenstock, presque trois côtés de la propriété. Marthe elle-même, sans bouger de sa chambre à Châteauneuf en a donné la disposition, l’emplacement des bâtiments « derrière la maison Sainte Thérèse », et l’architecture de la maison des membres du Foyer « sous le même toit que le Saint Sacrement ». Elle agençait les plans de détail, sans bouger de son lit de malade.

Voilà, le soleil chauffe fort vers midi, même à travers les feuillages des eucalyptus, et des autres espèces plantées ici, à 800 mètres d’altitude. Ceux de Lomé envient notre climat, pour la fraîcheur qui nous vient du Nord avec l’harmattan.

Comments

[TanteClari]

Il faudra des éclairages sur la blague du camion qui vogue, quand même...

[Jocelyn]

A propos de forage d'eau, attention quand même parce que le 1er novembre ils ont foré sans fair eexprès dans le tunnel du RER A et tout inondé pendant deux jours !